4 novembre 2009

arbre positifAprès quelques semaines de désordre médiatique, le silence se fait à nouveau sur le travail et ses souffrances. Dejours a quitté les plateaux de télé et Clot les émissions de France Culture.

Le travail continue de tuer... statistiquement, le suicide au travail touche une personne par jour en France. Hier le harcèlement moral, ces derniers mois les politiques gestionnaires et demain?

J'ai entendu beaucoup de phrases choc pendant toutes ces semaines : des témoignages presque insupportables de travailleurs en souffrance et à l'autre bout, le président de FT avouer que le modèle gestionnaire avait vécu et qu'il fallait construire autre chose. Mais construire quoi?

Il me semble que l'enjeu des débats était de faire reconnaître que c'était l'organisation du travail qui était maltraitante et qu'il ne s'agissait plus de caractériser et d'aider les souffrances individuelles. C'est une grande avancée. Mais cependant, alors que le calme se fait, l'expression "travail décent" pose problème.

J'y vois là, plutôt une demande de reconnaissance professionnelle que de décence. Dans notre France de 2009, c'est bien la question de la reconnaissance qu'il s'agit plus que ce celle du travail décent.

Le travail décent est expliqué dans les pages de l'OIT : Le but fondamental de l'OIT aujourd’hui est de promouvoir l'accès des hommes et des femmes à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité humaine.» Juan Somavia, Directeur général du BIT Par ailleurs, le travail décent est expliqué en 4 points : "Le travail décent peut s’appréhender à travers quatre objectifs stratégiques: les principes et droits fondamentaux au travail et les normes internationales du travail; les possibilités d’emploi et de rémunération; la protection et la sécurité sociales; le dialogue social et le tripartisme."

On ne peut que convenir que le terme de "travail décent " est donc un peu fort et que si les syndicats communiquent la-dessus, le débat va risquer de tourner court.

A mon sens, c'est de reconnaissance au travail dont il s'agit. Une récente journée de formation que j'ai animé pour les cadres et dirigeant du secteur médico social m'a montré qu'il y avait beaucoup de confusion sur la reconnaissance. La question de la reconnaissance professionnelle n'est que peu abordée car elle renvoie à la notion de rémunération ou de promotion dans l'organisation. Ce qui n'est pas fait pour placer le débat sur des bases sereines.

Pourtant, elle peut être une voie de travail et de conduite du changement pour toute l'organisation. La question de la reconnaissance permet d'aborder la question de collectif de travail, de règles de métier, d'organisation prescrite et de santé au travail.

La question de la reconnaissance au travail permet de maintenir vivant le dialogue sur la pouvoir d'agir sur les situations de travail. Car la santé au travail n'est pas dans la construction de défenses, mais elle est dans l'expérience mûrie et partagée du péril conjuré.