Eric Drutel

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mardi 29 juin 2010

Tests psychologiques, faisons le point

10 octobre 2009

arbre détouréEst-ce la pensée gestionnaire qui continue son travail de sape de l'humain au profit des chiffres ou la méconnaissance totale de ce qu'est un test qui conduit à toutes les dérives?

Dans notre monde du conseil, nombre de formateurs dégainent maintenant toutes sortes de tests. C'est devenu l'usage, comme une certaine image de marque. Et comme on passe de la psychométrie au marketing, tout le monde y va de son coup de photocopieuse, de son logo et du rajout de quelques questions en plus pour faire sérieux.

Ca fait classe mais c'est bidon et peut-être dangereux...

Dans cette offre, se pose t-on un instant la question de l'usager? et de notre rapport à la personne que l'on doit accompagner? Dans quel dispositif d'accompagnement mobilise t-on le test?

Avant même de proposer le test, il faudrait pouvoir répondre à certaines questions:

Qu'est ce qu'avoir recours à un test veut dire? Pour nous? Pour le sujet que l'on accompagne? Quel genre de service rend-on à la personne avec un test? Savons-vous ce que mesurent les tests que l'on propose? Sur quoi sont-ils étalonnés? Les avons-nous étalonnés nous-mêmes? Quelle est la population de référence? Dans quel cadre allons-nous faire la passation? Quel est l'état de stress de la personne? Lui avons-nous expliqué ce qu'est un test et particulièrement celui là? A t-elle bien compris la consigne? Comment va t-elle vivre les résultats du test? Est-ce l'occasion d'un dialogue ou lui remettons-nous un résultat informatisé?

On a vu il y a peu, un consultant déclarer à une personne qu'elle était comme ceci, qu'elle avait tel profil après l'examen d'un petit test qui la plaçait dans une situation donnée. "Vous avez agi comme cela, vous êtes tel type de personnalité".

Par quelle magie le consultant peut-il sonder les âmes?

Par ce blog je souhaite simplement faire le point sur les tests et poser mon cadre. C'est dans ce champ là que pour moi l'utilisation d'un test est possible.

Je me représente tout d'abord les tests à la croisée de la biologie et de la statistique. On essaie de rendre compte de quelque chose de l'agencement du psychique-biologique et de le confronter à des échantillons.

Les tests se divisent basiquement en 2 catégories : les tests d'aptitudes et les inventaires de personnalité. Les uns mesurent par rapport à un échantillon normé : âge, études, sexe etc ... les aptitudes de la personne (langage, logique, lecture) par rapport à la moyenne des personnes qui constituent l'échantillon. Les autres sont de l'ordre de l'appréciation de la personnalité.

Les inventaires de personnalité tentent d'évaluer le type d'action d'une personne dans une situation donnée.On essaie par une série d'inférences de déterminer quel types de réactions peut avoir une personne par rapport à une stimulation donnée. Ce n'est que l'organisation dynamique des réactions et leurs forces qui constituent un élément probant de la personnalité d'un individu.

De ce constat, j'en dégage des implications pour le praticien. Un test ne peut s'envisager sans annoncer clairement la référence et ce qu'il est sensé mesurer.

Aux apprentis sorciers donc d' ajouter des questions à votre test photocopié maison. Mais vous devez constituer un échantillon de personnes puis confronter le test à un autre test qui est sensé mesuré la même chose et apprécier les écarts. Enfin, je vous conseille une étude de stabilité dans le temps, disons, une vingtaine d'années. Bonjour le travail...

En posant le cadre, on peut comprendre alors que l'on mesure des données stables dans le temps ainsi qu' une force de l'expression de la réaction par rapport à un échantillon.

Mais que l'on ne peut pas en déduire avec certitude l'agir de la personne en situation donnée. Nous ne savons rien de sa compréhension d'une situation donnée. Le test seul à ses limites.

Par contre, il est possible de prendre en compte la force du trait et sa synergie avec les autres traits. Car plus le trait sera fort, plus la personne aura tendance à réagir de manière systématique quelque soit la situation... ou certains peuvent venir en pondérer d'autres.

Voici le schéma : il y a un trait qui s'exprime plus ou moins fortement et une situation donnée. De cette confrontation résulte un état affectif et cognitif (comment on pense et l'on ressent la situation). De cet état résulte une conduite adaptative.

Vous constatez alors que la situation simpliste du test cité plus haut se complexifie... les traits ne sont pas la conduite! Il s'agit toujours d'un triptyque : cognitions, émotions, actions.

Alors à quoi ça sert?

A se regarder dans un miroir fait de multitudes anonymes. C'est un peu comme la définition d'un appareil photo qui ferait une image de soi. Plus le nombre de pixel est grand, plus l'image semble juste. Mais est-ce une image juste ou juste une image? En tout cas c'est déjà pas si mal d'avoir quelque chose, de pouvoir se situer par rapport à la masse des gens, par rapport à une moyenne. Une moyenne et une norme qui ne sont en aucun cas une vérité.

Ai-je les aptitudes pour tel emploi? Comment suis-je perçu? les réponses ne peuvent qu'être formulées en rapport à l'échantillon. La réponse sera alors : dans la grande majorité des cas, les gens qui occupent tel type d'emploi répondent statistiquement à certaines aptitudes, ou, la majorité des gens ayant ce trait sont perçus comme étant ...

Pour le psychologue, le test fournit de précieuses pistes à parcourir avec la personne. Les résultats sont prétexte à penser le rapport au monde, à l'emploi... voire à alerter si des traits, des profils, des aptitudes sont hors normes. Elles peuvent être une ressources ou déceler un handicap.

Les test sont un outil précieux pour le praticien qui les comprend et sait les interpréter. Ils ne sont jamais sans effets pour celui qui passe cette épreuve. Un test est une épreuve fatigante. La restitution est une étape délicate où un mot peu heurter ou affaiblir.

Notre travail est toujours de dégager du pouvoir d'agir pas de stigmatiser. Ce qui restreint le champ et le nombre des utilisateurs des tests... mais à chacun son métier.

=====

ps: en se moment je bosse un livre magnifique :

Rouzel, J. (2005). La pratique des écrits professionnels en éducation spécialisée. Paris : Dunod.

Achetez le, c'est la rentrée les rayons sont pleins. Il vous servira toute l'année.

Le "sous travail" un fléau qui gangrène la société française?

Publié le 5 juin 2009

Le "sous-travail" un fléau qui gangrène la société française?

Dans "les échos" du 20 mai 2009, une interview de François Dupuy nous éclaire sur le mystérieux mal dont souffre les entreprises... L'auteur explique que nos entreprises souffrent d'un sous-travail généralisé : une "zone grise" où s'engouffrent les travailleurs pour ne travailler qu'à peine "le quart de leur temps". Ce "travail pauvre" génère un sur-coût et entraîne l'entreprise "dans une politique de rapine" : elles reculent l'âge de la retraite, embauchent des intérimaires ("qui travaillent 40% de plus que les statutaires". Cherchant à faire baisser leur coût de main d'oeuvre, les entreprises délocalisent.

Le livre de Dupuy n'est pas encore paru, ainsi, il est un peu risqué de critiquer la pensée d'un auteur par un article de presse. Cependant les conclusions de son ITW sont assez radicales : favoriser et développer l'auto-contrôle des salariés dans les organisations (pour chercher une émulation par le flicage en quelque sorte) et d'abolir l'administration.

Pour argumenter tout cela, l'auteur s'enferre dans un paradoxe : si les travailleurs ne bossent pas plus dur, on va les remplacer par des machines. Ce ne serait pas souhaitable nous dit-il. Mais il ne pose pas la question de savoir ce qu'apporte le travail humain par rapport à la machine! Si tel était le cas, son argumentation tomberait d'elle-même : le travaille humain n'est pas un travail mécanique, il est humain parce qu'il exige rupture, discontinuité, réflexions, analyses, co-ordinations. Le travail n'est pas l'équation minimale entre matières premières et production du bien. Si tel est le cas,si telle est la recherche d'une organisation, autant mettre des machines et c'est le plus souvent souhaitable.

On ne peut que déplorer sur cette base, la volonté de l'auteur de voir le retour du Tayorisme dans les organisations. On pourrait même parler d'Hyper Taylorisme puisque le contrôle ne se fait pas par le bureau des méthodes mais par les ouvriers eux-mêmes. Une culture des chiffres, de l'hyper contrainte de soi, de la culture du résultat et de la compétition qui fait toujours plus de dégâts dans les organisations du travail.

Faut-il pour autant tomber dans l'angélisme? Non! L'auteur a raison, le mauvais travail coûte cher : au niveau de la qualité de la production et tout autant, au niveau symbolique pour le sujet au travail. Comment se reconnaître et s'aimer quand on fait non pas un sale boulot mais un boulot mal fait?

Ne peut-il alors, dans cette course à la triche, au sous-travail, à y lire la limite d'un taylorisme aveugle qui ne prend pas en compte les productions collectives sur le métier?

Il y a rupture volontaire des salariés parce que le travail ne parle plus. C'est encore une fois dans les espaces de controverses que s'élaborent des stratégies du beau et du bien faire. L'histoire d'une entreprise c'est l'histoire des gens qui y travaillent, de tous les gens qui y travaillent.

Les "nouveaux pouvoirs des experts" placent les travailleurs dans l'aphonie. Ainsi, Francis Ginsgourger, dans un article de la revue Cadres de la CFDT, dénonce les amalgames langagiers des experts en organisations. "Harcèlement au travail", "risques psychosociaux" généralisent la souffrance et la banalisent :

- Ils font disparaître les histoires individuelles au profit d'une logique de chiffres

- Ils déplacent le débat : d'un problème organisationnel vers une logique d'expertise et de tableaux.

"il ne s'agit pas nier le phénomène des "risques psychosociaux" mais de comprendre ce qu'il reflète. Mon hypothèse est qu'il est contemporain d'une profonde crise de l'organisation du travail et de sa gestion. Crise d'organisations et d'institutions qui, par ce qu'elles sur-gèrent autant que parce ce qui n'y est pas géré, fait de la plupart des travailleurs les objets d'une histoire dont ils sont de moins en moins les sujets" ( F.Ginsburger, p 49, Cadres n°434).

Dupuy et Ginsburger lisent dans l'évolutions des organisations la mort du travail : "chronique d'une mort annoncée" pour l'un, "sous-travail" pour l'autre.

Ceci pourrait laisser croire qu'il y a eu un âge d'or de l'organisation du travail... Il n'en n'est rien! De tout temps le monde de l'entreprise est le siège de conflits et de débats.

C'est plutôt dans la recherche d'une cause générale, de la recherche d'expertises et de démarches globales que se situe le danger.

Il ne faut pas cesser de parler du travail, de chercher à définir les postes, les métiers, les fonctions. Pour se faire il faut maintenir, m^me à grands frais, des espaces de débats et de controverses. Ainsi, les démarches sur le mode "projet" si elles dynamisent le groupe d'intervenants, créent des solidarités mais engendrent un flou au niveau des fonctions. Projet hyper défini contre travail flou qu'il appartient au travailleur, seul, de moduler.

Le danger est alors de vivre cet investissement sur un mode personnel. Ce n'est plus un investissement, c'est un envahissement. Tout se referme alors autour du sujet au travail. Il tente d'agir pour son organisation, privé de la multiplicité des voies qui parlent par le métier partagé.

Ainsi donc, le sous-travail est peut-être moins le signe d'un sabotage que la marque d'un dégagement de l'individu face à la menace de se retrouver morcelé dans un réseau d'exigences que seul, il ne peut contenir.

"Sous-travail" et RPS sont les témoins d'un affaiblissement des solidarités des travailleurs et du manque de voie (x) des organisations syndicales...

Ainsi, l'intervention d'un psychologue du travail propose un dégagement : c'est l'action collective de définition du travail et son pouvoir d'organisation qu'il cherche à développer. A terme, les interventions qui engagent toute l'organisation du travail sont un moyen qui semble efficace pour limiter à la fois "le sous travail" comme les risques psychosociaux.

Ginsburger, F. (2009). Definition du travail et pouvoir d'organisation in Cadres, n°434 mai 2009 Dupuy,F (2009). Le sous-travail, un fléau qui gangrène la société française in Les Echos du 20/05/2009

Transmission des savoir-faire, quel contenu?

Publié le 30 avril 2009

La question que je souhaite centrale dans mon parcours est celle de la transmission des savoir en organisation.

Cela peut paraître un peu paradoxal : en effet, n'y a t il pas sur le marché quantité de grilles d'analyses et de formations autour du champ de la compétence individuelle, knowledge management, entretien d'évaluation et bilans professionnels? Alors pourquoi vouloir investir un champ déjà saturé?

Il me semble pertinent d'éclairer par la pratique de la psychologie du travail le champ de la transmission des savoir-faire pour problématiser les outils et surtout leurs usages dans les organisations.

Quel est le contexte de la question de la transmission? Celui d'un métier et d'une organisation.

Du point de vue du métier, les travaux d'Yves Clot nous ont montrés que ce mot de métier pouvait devenir un concept délimité par quatres grands axes que sont la dimension personnelle, interpersonnelle, impersonnelle et transpersonnelle.

Du point de vue de l'organisation, il s'agit de process, de règles prescrites, de représentations sous diverses formes et d'un système d'acteurs.

Ainsi une démarche de transmission des savoir-faire articule plusieurs dimensions : celle personnelle du rapport au métier et de son identité de professionnelle , celle de l'efficacité organisationnelle et des coordinations, celle du lien intergénérationnel et de postures et gestes codifiés, celle de contribution du travailleur au genre et donc de l'évolution des identités professionnelles.

Cela veut dire que si l'on se place dans le champ du métier, on ne peut transmettre ni recevoir sans agir!

Pour apprendre il faut accepter de tenir son rôle "comme obligé d'une tradition qui nous dépasse (Clot)". Il y aurait comme une place à tenir. Je ne suis pas sur que recevoir le savoir ne fasse pas peur. Il faut accepter un temps de porter quelque chose qui nous échappe avant de le faire sien et de se l'approprier.

Pour transmettre il faut s'engager dans une relation avec l'apprenant. En effet, que nous disent nos pairs psychologues ? Que le travail n'est pas la répétition mécanique de gestes ou de postures, mais la confrontation à quelque chose qui nous dépasse, le réel de l'activité.

Le réel du travail met en échec la symbolisation. Transmettre son savoir-faire c'est faire l'expérience devant les autres d'un quelque chose qui rechigne à être dit. Imaginez-vous l'épreuve! C'est un récit du corps et du de l'esprit qui se construit dans l'instant, avec les autres et par rapport aux autres. "Transformer pour raconter, raconter pour transformer " résume Lhuilier. Se transformer pour se raconter, se raconter pour se transformer sans doute.

Celui qui partage sont savoir accepte de travailler à dire et s'écoute le dire dans un mélange d'effort et de surprises. Le sujet est tout entier convoqué dans exercice.

Cela ne peut être un récit livresque,continu, sans faute. Le récit du travail qui se construit dans le groupe peut prendre de multiples formes pour un même événement. On ne transmettra jamais deux fois la même chose!

Parce que le discours d'un seul est plein d'énoncés des autres travailleurs : Dans l'atelier, le bureau, Il y a eu, à l'instant du geste, tant de choix à réaliser, que la reconstruction du discours, en miroir, n'est que figée, l'instant de la parole. S'il fallait raconter à nouveau, le récit serait autre (et son locuteur aussi...).

L'espace de la transmission est là, entre le dire sur le travail et l'intime, ce dont on ne peut pour l'instant parler. Et peut-être dont on ne pourra jamais parler ( loin de moi l'idée de rentrée dans la démarche de recherche de l'aveu. Laissons un voile sur le mystère du sujet au travail). L'espace est là, entre ce que tout le monde sait et dont le contenu informatif est faible, et l'intime qui ne se laisse que partiellement approché.

Travailler c'est tricher, travailler c'est transgresser, travailler c'est ruser, travailler c'est utiliser son corps et tous ces sens dans la recherche sans fin d'un bon geste, du beau et du bien. Transmettre son savoir-faire c'est parler de tricherie, de transgression... ce n'est pas rien.

Revenons un peu au concret. Ceux qui ont l'expérience de l'entreprise savent combien la somme de documents sur les process paraît pauvre face aux multitudes de cas qu'offre le quotidien du travail. Ce n'est qu'un savoir mort, dont l'utilité est bien pauvre face aux heures de travail dépensées à le formaliser.

Ainsi que le dit F. Martini "le technique ne recouvre jamais le travail!". Et nous poursuivons volontiers avec le psychosociologue pour dire " que l'accumulation de prescriptions techniques ne tient pas lieu de transmission du travail". Il faut aller chercher ailleurs, autre chose. Il faut alors être accompagner, introduire le tiers qui fera de tout quotidien, de toute répétition, une rupture. Le sens pourra à nouveau circuler, rien n'ira de soi, il faudra travailler à transmettre et recevoir.

On provoquera alors le récit. Violent? en tout cas inattendu. Le choc d'être confronté par le dialogue à celui qui veut savoir à tout prix et qui s'étonne de tout.

Pour qu'il y ait récit, il faut une rupture. Il faut aller la chercher, ou la provoquer par un artifice. Un récit sur la rupture du cours normal des choses au travail, là ou avant, il n'y avait rien à dire. On va alors parler de transgressions, de tricheries, de quelque chose qui ne se fait pas d'habitude. C'est l'incident, la faille, le trou, le truc qui bloque.

On ne recherche pas l'analyse, l'arbre des causes. Ici il faut parler avec ces tripes, avec son coeur, de toute la ruse déployée pour s'en sortir. Car c'est bien plus que le produit de son travail qui est en jeu...

C'est pourquoi la capitalisation des savoir-faire pour une organisation, est à la fois une formalisation mais aussi un processus continu.

Il faut alors un homme de l'art pour accompagner les travailleurs et créer les conditions favorables à cet échange : Confiance, espace protégé, absence de jugement et possibilité d'une controverse de métier (Dejours et Clot).

Du point de vue de l'entreprise, c'est accepter le changement. Mettre le pied dans cette dynamique c'est être prêt à recevoir, comme pour le travailleur, un héritage de savoir qu'il faut s'approprier. Les exécutants deviennent les inventeurs. Des inventions qu'il faut confronter aux plus grand nombre de rationalités possibles dans l'entreprise.

La transmission des savoir-faire me semble être la transmission de la transgression. Un savoir qui impose le changement. Un changement qui impose l'acceptation que tout ne peut pas être dit, ni écrit; Qu'il faut se faire confiance et rester ouvert aux autres et à soi-même.

Risques psychosociaux, une pathologie de la rupture?

Publié le 13 mars 2009

Le 12 Mars se tenait sur le Campus de Grenoble une journée d'information pour les psychologues et médecins de travail sur le thème des risques psychosociaux et de leur prévention.

"Risques psychosociaux, diagnostiquer pour agir"

Il me semble important à la suite de cette journée de soulever quelques points :

Tout d'abord la présence de nombreux médecins du travail et d'un représentant (ergonome) de l'Institut Syndical Européen. Leur présence témoigne de l'importance du sujet. Les risques psychosociaux inquiètent et mobilisent d'autres champs que la seule psychologie du travail.

Au delà des symboles que représentent leurs participations, leurs compte-rendus étaient édifiants : Roland Gauthy venait nous présenter la situation des problèmes psychosociaux en Europe. Des chiffres alarmants que l'orateur a parfaitement su mettre en correspondance avec les réalités culturelles et économiques de chaque pays de l'UE.

En réponse à cette avalanche de chiffres, le Docteur Philippe Davezies nous invitait à prendre position par rapport à une lecture statistique du mal au travail. Il nous invitait a considérer la rupture, le singulier, le cas, par une prise de distance par rapport à une ingénierie sociale. Une ingénierie sociale qui prend ses racines dans la pensée Positiviste, qui annonce un monde décrit par des lois générales lissant toutes les données qui s'écartent de la moyenne. Une pensée sociale qui aboutit à un paradoxe : en lissant les données on fait disparaître le singulier, c'est à dire, la plainte, l'individu en souffrance. Le problème que l'on souhaitait traiter disparaît par l'usage des outils d'analyse.

Mis en garde par leur faible corrélation avec la réalité et de leur faible utilité en terme d'action, nous pouvons tout de même considérer les chiffres donnés par Roland Gauthy. Rare sont les entreprises qui n'ont pas de sous-traitance en Europe. Ces chiffres sont donc tout à fait pertinents, pour vous, chef d'entreprise et moi, psychologue du travail français. En quelques mots, l'Europe doit faire face à deux grandes tendances : une adaptation nécessaire à de nouvelles pratiques de travail (TIC ) et une force de travail qui évolue (travailleurs migrants, population qui se féminise, beaucoup de temps partiel). Il est possible de cerner de nouveaux facteurs de risques : intensification du travail, un contenu du travail qui s'élargit et qui demande de mobiliser plus de compétences et enfin une modification du style de vie comme les trajets qui s'allongent.

Qui sont les gens les plus touchés? Les personnes travaillant dans les soins et la santé avec 34% de taux d'accident au dessus de la moyenne européenne, tout comme ceux de l'éducation. Tous deux loin devant les accidents dans le monde de la construction et de l'agriculture. Quels sont ces pathologies : les TMS touchent de 60 à 90% des travailleurs dans leur vie. Ces troubles se concentrent dans les PME (80%) des accidents et sur les jeunes (les 18/24 ans représentent 50% des accidentés).

Ces quelques chiffres sont pleins de surprises par rapport à nos représentations parfois un peu étriquées sur les réalités du monde du travail : les cols bleus savent mieux se prémunir de la souffrance au travail!

Y a t-il alors quelque chose qui se construit dans les milieux les moins pathogènes et qui protègent le travailleur des risques psychosociaux? Il nous est permis de répondre par l'affirmative.

En découvrant les nombreuses interventions des participants (dans les domaines des métiers de service, de la police, des plates formes téléphoniques) et les solutions mises en place, il est possible de définir des leviers pour agir sur les troubles psychosociaux au travail.

Tout d'abord et fondamentalement la prise en compte d'un milieu de travail, d'une situation complexe. C'est la raison pour laquelle je ne vais pas vous proposer une liste d'outils mais quelques orientations.

Un chiffre est remarquable dans le travail de M. Gauthy : 50% des jeunes ont plus de risques que les anciens.

Ce qui veut dire qu'il y a "un quelque chose" qui se construit par l'expérience et qui garantit une certaine santé au travail.

Alors, encore une fois dans ce blog, posons-nous la questions de l'expérience, des apports de l'expérience dans son rapport au métier, de l'activité, du pouvoir d'agir.

La solution semble là, la santé au travail semble préservée lorsqu'il est possible de mettre en place des possibilités de mobiliser un pouvoir d'agir individuel/collectif sur les conditions de travail. Le terme de pouvoir d'agir peut faire peur : on peut y lire lutte syndicale, révolutions diverses, augmentation de l'incertitude, rejet des méthodes de management...

Nous parlons plutôt de reconnaissance dans le beau et le geste utile. D'une recherche collective de l'efficience et la reconnaissance de l'apport de chacun dans cette optimisation. Il s'agit aussi de mettre en place des moyens d'anticiper des situations à risque et de se prémunir contre les effets du stress.

Ainsi, les nombreux témoignages d'actions sur le terrain présentées par les intervenants montrent que les risques psychosociaux sont, à mon sens, une pathologie de la rupture. Une rupture des liens ( communications, héritages, façons de faire, gestuelles professionnelle) entre le travailleur, le métier et l'organisation. C'est le bon geste, la bonne posture qui préserve. Cette posture n'est pas une injonction, un prescrit mais la mise en acte d'une pensée unifiée. On pourra trouver les fonctions réparatrices dans les travaux de François Roustang...

Ainsi les jeunes policiers en intervention se retrouvent exposés sans la ressource des anciens qui ont eux, à leur disposition, l'héritage de postures qui leur permettent d'éviter la violence et de gérer leur peur. Les téléacteurs de plate-forme téléphonique, en suivant leur scripts sur écran sont coupés de leur propres ressources langagières pour mobiliser leur expérience de la vente et de leur affectivité pour moduler la transaction. Les cadres n'ont que peu de solidarités et d'échanges pour apprendre leur métier et le sens de leur mission qui est de protéger et valoriser leurs équipes. Privés de l'expérience de leur pairs ils ne peuvent jouer leur rôle...

Tous les acteurs invités se jour là traçaient le même chemin : celui d'entrer dans un monde de conflits. Renouer le lien s'est permettre la controverse de métier. C'est le débat social qui permet la santé. La construction de l'expérience, même à l'échelle de l'organisation passe par des phases de crises, d'essais. Ce qui est important dans la débat c'est qu'il rassemble plus qu'il ne sépare. Elle construit la reconnaissance de l'autre en tant que "contributeur" au bien être commun ce qui ouvre bien des voies d'intégration.

La réponse à la problématique des risques psychosociaux est pleine de surprises : Elle apparaît comme une souffrance individuelle pourtant la solution est dans l'activité collective . A la culture du chiffre qui recherche le rendement apparaît la nécessité d'une culture de métier qui recherche l'efficience.

La souffrance d'un seul témoigne donc du mal de l'organisation.

Face aux risques psychosociaux, les entreprises sont donc pleines de ressources! Tout est là, à disposition du manager, des RH, des CHSCT pour se prémunir et anticiper dépressions, stress, abandon de la motivation etc etc...

Les psychologues du travail proposent 1000 façons de re-tisser des liens pour maintenir vivant une controverse de métier, un débat social portés par l'amour du métier et la reconnaissance de soi et des autres dans le beau et l'utile.

Segmentation du travail et tolérances des contraintes

Publié le 6 février 2009

Depuis trois mois, les usagers et fonctionnaires du bureau de poste de mon quartier vivent une petite révolution.

Le bureau de poste tout entier passe à l'heure des TIC!

Fini les aléas des guichets, les files d'attentes. Le look du bureau est maintenant "service public" : une borne à l'accueil propose de choisir son ticket de passage en fonction de la demande. Puis, muni du précieux sésame, il suffit d'attendre sur une banquette que s'affiche son numéro et celui du guichet pour être servi.

J'ai vécu cela de manière assez négative!

Mon bureau de poste de Mon quartier livré en pâture aux ERP! Je voyais déjà le tableau : Les tâches devenues segmentées, les contraintes exogènes pesant sur l'activité du fonctionnaire, les TMS, l'absentéisme au sommet et l'économie de personnel allait fortement malmener cette organisation du travail et ses collectifs.

Mon enquête en voisin m'a forcé à nuancer ma vision et a tirer quelques conclusions sur l'implantation des TIC dans l'organisation du travail... Curieusement, et pour l'instant, les fonctionnaires s'y retrouvent.

Voilà bien un mystère de la normalité du travail qu'il me faut éclaircir!

Quelques questions entre deux courriers à poster me révèlent qu'ils ont compris que cette segmentation des tâches étaient construite sur une modélisation partielle de leur métier. La preuve en est qu'il arrive parfois qu'une demande d'un usager explose les normes établies. On voit alors sortir le chef de son bureau (sûrement alerté par le logiciel) et venir voir les guichets lorsqu'un traitement est anormalement long.

De même, cette normalisation et mesure du temps de service à l'usager peut permettre la comparaison chiffrée des fonctionnaires entre eux et de là, en déduire leur efficience. D'où une possible rémunération à la tâche. Les préposés en sont conscients.

Cherchons quelques pistes :

Un fait connu par l'implantation des TIC dans les organisations du travail c'est que le personnel gagné sur les tâches de saisies ou de traitement de certains processus, se retrouve dans un autre dispositif. Ainsi, la rationalisation du service, si elle a permis d'économiser du personnel derrière le guichet, doit ouvrir de nouveaux postes. Pour preuve, il y a maintenant à l'entrée du bureau de poste, une charmante personne qui "aide" les usagers à faire le bon choix de service.

Ce point est important car il est très instructif : La personne à l'accueil doit palier le manque de discernement de l'usager qui ne sait pas comment qualifier sa demande. Soit. Mais nous pouvons y voir aussi, le fait que l'usager résiste à faire gratuitement une part du travail du fonctionnaire. Avant, c'était au fonctionnaire à opérer le choix de séquences d'actions en fonction de sa propre analyse de la demande de l'usager. Maintenant, c'est à l'usager de bosser et gratuit! Normal que certains résistent ou tentent de contourner le système...

Pareillement, il y a maintenant à l'entrée un guichet à tout faire qui ne dit pas son nom : il s'agit du retrait des colis et de l'affranchissement. Mais comme il est près de la borne, les usagers viennent souvent obtenir un petit "bonus aide" de la part du fonctionnaire : de la monnaie pour un timbre, un affranchissement sans attendre son numéro.

J'y vois là, un vestige de l'ancienne organisation qui ne veut pas mourir ou le maintient au prix fort, d'une organisation collective du travail qui ne peut pas se couper totalement du service à l'usager qui forcement déborde le cadre.

Tout ce passe comme si il fallait un espace non segmenté, un "guichet d'incertitudes" pour évacuer une trop grande rigidité de cette nouvelle organisation postale. Ce guichet à l'entrée m'apparaît comme le sas pour évacuer la tension en cas de coup dur. Il faudrait que j'aille cuisiner le préposé... Cela voudrait dire, que loin de la prescription des grands informaticiens du service des postes, les préposes de mon bureau, ont recréés ensemble un espace de régulation sociale pour évacuer la tension induite par cette sélection à l'entrée obligatoire. Humm, je suis fier d'eux.

Sérieusement et pour conclure:

Ce qui veut dire que l'appropriation d'un système TIC ne va pas de soi et ne peut se décider sur le papier. Il faut avoir des éléments de vie au travail pour essayer d'interpréter l'usage des interfaces.

Pour que cette appropriation semble fonctionner, il a fallu que les préposés sacrifient quelque chose pour obtenir une amélioration de leur condition de travail. Accepter d'être surveillés et minutés. En laissant traîner une oreille dans le bureau de poste, je me suis surpris à entendre un préposé dire qu'il était content de cette organisation car il y a avait plus les interminables queues dans l'agence. Les agents de la poste ont accepté une amputation apparente de leur liberté d'organisation pour offrir un meilleur service et un meilleur accueil à l'usager.

Il y va de l'image métier du postier. Il n'est plus celui qui" rame" au fond de la salle, tout au bout de la queue, mais est mis en scène par l'organisation du travail : plus de queue (ambiance moins Russie rideau de fer), les queues bornées lui laissent en espace pour respirer et être visible par tout le monde dans l'agence. Et enfin, la relation de service est aussi modifiée par le fait que le client vient avec une demande élaborée ou pré-élaborée (par la sélection sur la borne) . Il fait symboliquement une partie du travail, partage avec le fonctionnaire une partie de son labeur. Vers une nouvelle donne dans la relation de service?

Deusio, le poste d'aide à tout faire qui courrait derrière les fonctionnaires est lui aussi mis en scène de manière positive. La personne est à l'accueil et en aidant la sélection des ticket aide les autres en amont de leur tâche.

Enfin l'existence de ce que j'appelle la zone d'incertitude nécessaire - le guichet à tout faire qui ne dit pas son nom- est une voie symbolique et technique qui permet aux fonctionnaire de réaliser un ajustement nécessaire face à la contrainte des logiciels qui découpent et prédéterminent leur tâche. Je pense qu'avec cette possibilité, ils se sentent moins exposés.

Ces quelques lignes pour évoquer que pour travailler la conduite du changement et l'appropriation des TIC il faut aller chercher des données qui sont des données de métier, de représentation de la tâche, d'héritages socio-techniques. On le voit, le mystère de la normalité du travail ouvre sur bien des territoires du métier. Dimension personnelles, interpersonnelles, transpersonnelles et impersonnelles se répondent. Il faut ranger son logiciel d'aide à la gestion et ressources humaines (si si cela existe!) et attaquer le métier, chercher, découvrir et partager.

Si jamais la machine s'emballe, qu'effectivement les TMS font un bon, que la qualité du service pose problème en regard des normes il faudra bien intervenir.

Dans ce cas, c'est au sein des collectifs qu'il faudra aller chercher une info pour trouver quelle adaptation réaliser. Une adaptation peut être pas évidente ni efficiente mais qui aura du sens pour les fonctionnaires du bureau de poste. La solution sera probablement là, dans une recherche-action de leur activité de service.

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Ce petit texte n'est en rien une enquête rigoureuse, mais à vocation "à divertir" le lecteur en essayant de faire passer quelques idées sur la conduite du changement et l'analyse de l'activité. Ce qui est valable pour mon petit bureau de poste pourrait l'être pour de grandes organisations du travail...

Ticket psy, le retour du fordisme ?

Publié le 4 Décembre 2008

En effet, les coûts engendrés par le stress, les troubles musculo-squelettiques (TMS), les dépressions, harcèlements, erreurs humaines, démotivations représentent un pourcentage non négligeable du budget d'une entreprise.

Une politique gestionnaire de la santé au travail est donc sur le point d'apparaître dans le monde de l'entreprise. Il est possible d'en définir deux grands contours : les dispositifs d'alerte et de contrôle internes, des solutions individuelles de prises en charges "externalisées".

Les dispositifs d'alertes: J'avoue ici n'avoir pour l'heure que peu informations ces dispositifs. Mais le principe est le suivant : il s'agit de mettre un référentiel de bonne pratiques et de bonnes attitudes au travail. L'invitation est alors lancée auprès des salariés d'être vigilants quant au non respect de ces directives et d'alerter des personnes relais dans l'entreprise (délégués du personnel, syndicalistes, chef d'équipe).

Le ticket psy : Il s'agit comme les chèque service d'avoir la possibilité de rencontrer un psychologue avec une prise en charge des coûts. Bien sur, il y aura une suite de cabinet accrédités et d'autres pas. Ceci pour normaliser la démarche, le recours au psychologue qui intervient auprès de la personne souffrante dans son cabinet...

Qu'est ce qui nous pose problème?

Le problème est la volonté de restaurer une série de prescriptions pour améliorer la santé au travail. C'est le retour du "One Best Way" du Fordisme. Le retour du bureau des méthodes dans l'entreprise : montée en puissance de l'ergonomie, de référentiels de bonnes attitudes, des bons gestes. Il s'agit d'établir des scripts comportementaux d'un certain "laborieusement correct" comme solutions à tous les mots du travail. Des référentiels servant alors a comparer les entreprises ayant des bons ou des mauvais chiffres de "stress"...

De la même manière, les tickets psy sont un dispositif qui se centre sur la personne et non sur l'organisation. Il se développe ce qu'Yves Clot appelle : "une sorte de recyclage des déchets subjectifs du travail", une sorte de nouvel hygiénisme de la santé au travail.

Pourtant la maladie au travail est importante et doit être entendue. Elle a quelque chose à dire à l'organisation.

Les recherche de la psychologie du travail ont pour but de montrer l'énigme de la normalité au travail. C'est à dire de se poser les questions dans des situations où tout fonctionne bien pour comprendre le système d'échange entre l'individu et la tâche.

Les situations sont nombreuses dans lesquelles les salariés "n'en font pas une maladie!".

Comment font-ils? Où trouvent-ils cette énergie? Comment transforment-ils les situations de travail en ressources? Par la reconnaissance du beau et du bien! Le travail en équipe, en collectif offre la possibilité réparatrice de se reconnaître dans une pratique. C'est la reconnaissance, non pas financière, non pas hiérarchique, ma la reconnaissance entre pairs qui est le garant d'une confrontation victorieuse à la tâche quotidienne.

Une reconnaissance dans quelque chose qui est de l'ordre de sa pratique, son geste à soi, son art de faire. Un geste qui fait écho au métier, à une communauté de destins, d'une histoire des outils, d'une HISTOIRE D'UN SENTIMENT de partager quelque chose de commun qui possède une histoire. Il y a donc dans cette diade métier "transpersonnel"/ style individuel la possibilité d'être reconnu non pas pour qui on est, mais pour ce que l'on fait, ce que l'on est capable d'accomplir!

Ainsi, la réponse des psychologues du travail à la question de "santé et travail" n'est certainement pas celle d'un unique recours à une norme et à des soins individuels.

Elle réside dans la mise en place de collectifs de travail : un collectif dans lequel il est possible de soutenir la CONTROVERSE PROFESSIONNELLE, LA DISPUTE DE MÉTIER. Il faut aller voir ce qui se fait en situation et l'ouvrir au débat. Il faut instituer des débats sur l'activité, sur ce qui se fait, sur ce qui se fait pas, sur ce que l'on aurait aimé faire...

Les choses peuvent se faire simplement car ces étapes de débats participent à la normalité d'une entreprise. Il est normal d'avoir des espaces d'échanges sur la pratique et pour le métier. Ici apparaît donc un rôle possible du psychologue du travail, celui d'accompagner la création et l'autonomie de ces espaces d'élaborations. Rien de révolutionnaire donc, mais un travail nécessaire pour la bonne santé de l'entreprise et de ces salariés.

De mon expérience, dont la trace apparaît dans ce blog, je peux témoigner de la puissance de la mise en place de ces lieux d'élaborations sur l'activité. Qu'ils prennent la forme officielle de travail sur la communication ou la transmission des savoirs, il faut s'engager avec les membres de l'entreprise au nom du métier et pour le métier. Avec des outils adaptés et une conduite rigoureuse de ces entretiens, la santé au travail est bien là. Dans la restauration de la reconnaissance professionnelle et du pouvoir d'agir.


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Ce texte fait suite à une conférence d'Yves Clot donnée à Lyon jeudi 4 Décembre 2008.

Je le remercie grandement de sa démarche d'être venu témoigner et baliser par le débat le champ d'action des psychologues du travail.

Les entreprises en réseau, un colosse aux pieds d'argile ?

Publié le 3 Décembre 2008

Je me propose de partager brièvement un retour d'expérience d'une organisation du travail fonctionnant totalement par le numérique, pour le numérique.

Cet événement, un dysfonctionnement auquel j'ai été confronté, fait sens pour le psychologue du travail. Il me permet de visiter à nouveau mon travail de recherche sur l'entreprise en réseau.

Une entreprise qui parait sous la plume de bien des auteurs, assez paradoxale : une démultiplication des processus de l'activité numérisée qui ne peut résoudre totalement les aléas des interactions humaines.

L'argumentaire le plus utilisé pour vendre des ERP est l'intégration des systèmes, la convergence numérique.

Une convergence rendu possible par la multiplicité des passerelles entre les réseaux. Une convergence rendue possible par l'usage d'interfaces qui modifient la perception de l'utilisateur : unité de lieu et d'action sur l'environnement de travail.

Le second argumentaire repose sur la lisibilité de l'entreprise. Il est possible au consommateur de service de tout connaître de l'avancée de son dossier à distance.

Enfin, l'entreprise parce qu'elle accepte de normaliser ses processus s'ouvre à la soustraitance. Ceci à deux effets: Les frontières physiques de l'entreprises s'effacent peu à peu. La hiérarchie se multiplie en sous-systèmes, "problématisant" le management et les retours d'expérience.

Est-il encore besoin d'expliquer, pour le dernier facteur, que la modélisation des activités par les ERP se basent de facto sur une vision simplifiée de l'entreprise et des étapes de production, ne tenant pas compte des aléas du réel?

Ceci à pour résultat de fragiliser le travailleur en ce sens que l'intimité nécessaire à l'activité de chacun est perturbée. Privé d'espace secret de recherche, de trouvaille, de bidouillage, le travailleur du numérique, même le plus modeste, est exposé.

Une sur-exposition du travailleur qui est gommée, rendue supportable par les interfaces qui donnent aux travailleur une illusion de contrôle sur le travail. L'interface sécurise et protège dans un simulacre d'ubiquité. Si bien que le niveau de vigilance tombe, la confiance va de soi, les habitudes de passer d'un écran à l'autre font le reste.

Au bout du compte, quand l'incident arrive, on en revient "au facteur humain". Sécurisé un réseau, faire monter la qualité répond toujours aux mêmes impératifs : prendre le temps de parler métier, se réunir, se rencontrer, accepter de mettre en place de manière concertée des processus validés pour un temps, accepter l'autre, comprendre que l'on fait partie d'une seule et même équipe...

Lecture conseillée: le toujours moderne "illusion informaticienne" de F.Pavé.

Action et Dialogue

Publié le 19 0ctobre 2008

"Il est impossible de saisir l'homme de l'intérieur, de le voir et le comprendre en le transformant en objet d'une analyse impartiale, neutre, pas plus que par une fusion avec lui, en le "sentant". On peut l'approcher et le découvrir, plus exactement le forcer à se découvrir seulement par un échange dialogique" Bakhtine. Ainsi, le dialogue dans le groupe qui analyse ses pratiques de métier n'est pas l'antichambre de l'action. Le dialogue est activité, la parole adressé à l'autre et dans le même temps à soi-même est remplie de propositions d'actions nouvelles. Ce qui se joue entre nous, c'est de faire l'expérience vécue de l'expérience vécue. Ainsi la parole nous transforme...

Aide à domicile et subjectivité des travailleurs

Publié le 16 Octobre 2008

Une intervention que je conduis actuellement auprès d'un organisme prestataire d'aide à domicile m'offre l'opportunité de réfléchir sur la question de la subjectivité au travail. Je tiens à remercier cette société qui m'a ouvert ses portes. J'espère que ces quelques lignes pourront aider les personnes qui ont accès à se blog (RH, chefs d'entreprises) de réfléchir sur la relation de service ou de chercher des pistes de documentation. Voici que s'ouvre pour nous une problématique passionnante : quels sont les enjeux de la subjectivité des travailleurs dans les métiers de service? La subjectivité engagée dans le travail individuel ne peut-elle pas faire obstacle à la professionnalisation?

Pour conduire mon travail de recherche et préparer mon intervention auprès de ces personnes (il s'agit de la formation-action de coordinateurs de cette structure) je me suis aidé des travaux d'Yves Clot (bien sur!) mais aussi d'un livre incontournable "Pourquoi travaillons-nous?" oeuvre collective de sociologues du travail réalisé sous la conduite de Danièle Linhart. Ouvrage paru cette année dans la collection "clinique du travail" du CNAM.

"Le sujet au travail est l'obligé d'une tradition qui le surplombe" enseigne Yves Clot.

Mais ce constat des dynamiques mises en jeu dans l'activité de travail n'est pas l'apanage des seuls psychologues du travail. Le management "moderne" s'emploie à tirer profit lui aussi de cette relation entre le travailleur et l'organisation du travail en percevant la subjectivité comme un facteur efficient de la production. Mais tenons nous éloigné des cas d'école et des dérives des grands groupes industriels; la littérature et les films sensations sont bien assez fournis pour nous faire peur!

Intéressons-nous à ce milieu de l'aide à domicile, où malgré les diplômes et formations qualifiantes disponibles (AVS et CAFAD), la réalité de terrain montre une professionnalisation encore en jachère. Que nous apprend la sociologie du travail sur ce milieu : tout d'abord un lexique singulier. Une série de mots qui se répondent et s'entrechoquent.Lien social, genre (féminin/masculin), sale boulot, reconnaissance, pollution, ménage, savoir cachés, professionnalisation.

Dans les 10 prochaines années, les secteurs des services offriront le plus d'emploi. Ces secteurs placent "la relation de service" au coeur de la qualité du produit : pour se faire l'engagement subjectif des travailleurs est essentiel.Pourtant ces entreprises du service à la personne, comme le maintien à domicile peinent à trouver du personnel car les métiers offerts sont perçus comme précaires et peu rémunérateurs. Ainsi ces travailleurs sont perçus comme non qualifiés. Pourtant sur le terrain, il est facile de saisir combien "maîtriser la situation" demande à ces hommes et femmes de mobiliser toute leurs ressources : comme par exemple l'énorme travail de gestion des émotions pour permettre à ces salariés de garder la bonne distance dans une relation de service qui tend à les inférioriser.Car souvent on leur demande exactement de palier une activité domestique déficiente. Il s'agit des tâches domestiques habituellement dévolues aux femmes, épouses, mères, filles. Tous les savoir-faire nécessaires à la réalisation de ce service sont occultées. Dans un premier temps, ces savoir sont finalement perçus comme une extension naturelle de leurs compétences de genre (masculin, féminin). A y regarder de plus près, les modes d'engagements de la subjectivité de ces travailleurs et travailleuses servent leur métier. Pour tenir face au sale, à la dégradation des personnes, au handicap, c'est leur capacité à produire, entretenir un lien affectif qui rend supportable ce sale boulot. Elles et ils aiment leur métier pour cela. Dans un souhait de professionnalisation, on serait alors tenter de faire apparaître ce métier sous l'angle de la technicité. Ce serait alors placer ce métier dans la sphère de la reconnaissance sociale, c'est un bon point. Mais dans le même temps, cette professionnalisation fait apparaître le sale, la pollution avec froideur. Sans la dimension de construction du lien social ce métier devient intolérable aux personnes qui interviennent dans les foyers. L'apport de la formation est nécessaire mais nombres des tâches qu'effectuent ces personnes n'est pas réductible à l'application "pure" de techniques. C'est bien cette activité "invisible" qui constitue la qualité du service et qui leur permet de tenir. Dans cet engagement subjectif de ces travailleurs se construit une transfiguration du sale boulot, une efficacité de la relation de service et une estime de soi.

Comment peut-on améliorer la qualité de service et dans le même temps apporter à ces travailleurs un complément de formation? Il est possible de sortir de ce paradoxe, par un travail SUR la subjectivité. Le psychologue du travail se place comme instance médiatrice, au coté de l'entreprise, qui rend visible le travail accompli tout comme les savoir-faire nécessaire pour effectuer la tâche de service à la personne. Son intervention n'est ni de la formation, ni celui du soutien psychologique. Il s'agit de recherche en équipe (psychologue et travailleurs) sur le métier dans toutes ses dimensions. Le travail en groupe, par des techniques de verbalisation sur des situations singulières propose ainsi de réfléchir à un genre, professionnel celui-la, rendant ainsi visible l'usage de la subjectivité des personnes intervenant dans ces foyers, comme un acte professionnel. Un usage qui signe l'appartenance à un métier, mais aussi qui permet la reconnaissance de chacun dans l'usage qu'il en fait, son propre style. La création de lien avec toutes les possibilités de l'initier et de le moduler apparaît dans le groupe comme nécessaire au déploiement de gestes techniques. Elle fait partie des savoir-faire, des compétences de ces personnes...

Ecrivez moi pour continuer le débat... Pour vos lectures: Linhart, D. (2008).Pourquoi travaillons-nous?. Ramonville Saint-Agne : érès Clot, Y. (2008). Travail et pourvoir d'agir. Paris : puf

Métier, Genre et Style d'action

Publié le 30 Septembre 2008

Voici le texte d'une petite interview réalisée il y a peu sur ma démarche de psychologue du travail. Le propos était de délivrer quelques pistes sur ma démarche et dans quel cadre conceptuel je construis ma démarche d'intervention:

"A la question, quelles sont les 10 conseils pour vivre mieux au travail, voici sa réponse:

ED: Le psychologue du travail ne peut pas vraiment répondre à une demande de recette pour le bien être au travail. Sa vision et sa démarche de terrain est plus en profondeur. Elle recherche le développement des salariés en situation de travail. C'est donc un lien entre l'individuel et le collectif qu'il faut travailler, maintenir vivant pour le bénéfice individuel et organisationnel. Le travail fait société. Le travail offre l'opportunité d'un "apprentissage de soi" en se confrontant au groupe. Un groupe qui détient une histoire de pratiques, une sensibilité, une culture, un langage. Je perçois le travail de chacun comme la construction de son propre théâtre où l'individu cherche à rejouer autrement "la pièce" de sa vie. Car le travail permet la reconnaissance par l'autre, une reconnaissance qui a peu faire défaut un jour et bloquer le développement de la personne. Travailler c'est construire collectivement le pansement à tous les maux du travail : la reconnaissance et la confiance. C'est donc une nouvelle histoire qu'il est possible de réécrire. On pourrait presque parler de "re-narcissisation" mais qui se construit par rapport au métier médiatisé par l'élaboration du collectif de travailleurs. Le travail peut donc faire mal mais il peut aussi guérir. Ma démarche est du coté d'une alternative réparatrice aux situations de travail stressantes ou improductives. Travailler c'est produire mais aussi en permanence construire pour soi et pour le groupe une identité de métier. Un savoir commun, ce que l'on pourrait appeler "un genre professionnel" avec lequel chacun peut "s'expliquer" dans tous les sens du terme, pour trouver son style, découvrir qui l'on est. Genre professionnel et style individuel se répondent dans un dialogue nécessaire dans la confrontation du sujet à la tâche. Plus l'expertise se construit plus ce dialogue s'enrichit pour le bénéfice du sujet et du groupe. Je travaille donc principalement sur la notion de métier Ce mot de métier est quasi un concept! Un métier, pour moi, est une activité au carrefour de plusieurs dimensions : personnelle, interpersonnelle et même "transpersonnelle", quelque chose qui nous lie et nous dépasse. Il faut aller explorer ces dimensions pour témoigner des inventions, trouvailles de chacun et d'offrir de la reconnaissance et pour l'entreprise réactivité et confiance. Les buts en jachère et les automatismes empoisonnent la vie de tout un chacun. Il faut l'accepter et se remettre au travail. Je propose aux personnes que j'ai rencontrées dans mes interventions de s'engager avec moi dans un travail d'élaboration sur les pratiques professionnelles pour vivre ensemble un nouveau départ. Il s'agit de s'offrir un temps à part dans sa vie professionnelle. De vivre une "aventure" où l'on se reconnaît et ou l'on apprend à se respecter et à se donner de nouveaux buts. Q : "Concrètement pour notre entreprise?" "Il faudrait envisager de construire et maintenir des espaces de réfléxions communs sur le métier. Cela demande doigté et savoir pratique pour être à l'équilibre entre une parole de souffrance et une parole sur le métier... ... Les dispositifs RH sont importants mais il ne faut pas seulement aborder le métier sous sa seule technicité. Il faut, dans le cadre du travail et d'une parole sur le métier renouer avec nos premiers désirs sur le métier, envisager ensemble d'autres possibles. Mon travail de psychologue du travail est d'offrir à chaque salarié la possibilité de vivre différemment avec les autres de ce qu'il vit au quotidien. Je me place dans une perspective de développement. Le psychologue du travail à donc sa place dans toute organisation du travail."

Pour vos lectures: Heibrunn, B. (2004). La performance, une nouvelle idéologie?. Paris : La Découverte.Lhuilier, D. (2006). Cliniques du travail. Ramonville Saint-Agne : érès.

Un psychologue dans le monde des NTIC et des ERP?

Billet publié le 15 Septembre 2008

Un psychologue dans le monde des NTIC et des ERP?

Aider l'organisation du travail à répondre aux problématiques de l'appropriation technologique et du changement.

= Cette intervention fait suite à une intervention dans des ateliers du monde de l'HBJO qui ont fait le choix de s'ouvrir à d'autres modèles d'organisation de leur production. Merci à eux de m'avoir ouvert leur porte. Je souhaite que cette expérience puisse profiter à alimenter les réflexions de chacun, sur les rapports du métier et des ERP =

Quelles sont les opportunités offertes aux entreprises par l'utilisation des TIC et des modèles gestionnaires? -De pouvoir accéder à l'économie du net, d'atteindre de nouveaux marchés et pouvoir construire de nouveaux produits par le jeu des sous-traitances - Rechercher "une certaine égalité des chances pour tous" en jouant le jeu de la performance économique comme modèle d'intégration - Une forme de reconnaissance sur les nouveaux marchés en acceptant le jeu des certifications, de la communication institutionnelle les démarches qualités demandées par le marketing - Et la tentation de céder à un modèle Taylorien du management et de la conduite de l'organisation. Un modèle basé sur des modélisations partielles et simplifiées de la réalité des tâches à exécuter. Quels sont les effets de ces pratiques gestionnaires de l'organisation et de l'usage des TIC sur les ateliers? Les effets sont multiples: - Une individualisation des pratiques et des performances. Bien souvent c'est l'effet recherché, pouvoir obtenir de la performance individuelle et comparant les résultats des opérateurs/travailleurs entre eux et en individualisant les rémunérations. - La disparition pour un temps des stratégies de contournement des contraintes imposées par l'organisation. La "déconstruction" des solidarités autour des tricheries et une meilleur vision des pratiques. On recherche pour un temps, une certaine stabilité. - L'utilisation rationnelle d'outil de communication que sont les "collecticiels" ou les forums professionnels en usage dans l'entreprise. On recherche alors un moyen de capitaliser les savoir-faire. - Une plus grande lisibilité des pratiques commerciales par l'utilisation de CRM le plus complet possible. Les commerciaux et services marketing ont toujours besoin de plus de chiffres.

Cependant l'usage de ces réseaux , comporte certains risques organisationnels : - L'individualisation des pratiques et des performances peut contribuer à la disparition de ce que les psychologues appellent "les collectifs de travail". C'est à dire, je l'ai constaté par la pratique, la disparition des coordinations spontanées entre professionnel avant l'exécution d'une tâche, par exemple.

- la résistance "aux coups de bourre" par l'équipe de travail diminée. Privés de compensations, de solidarités, les travailleurs se fatiguent plus rapidement. - La prescription des tâches sous forme d'une série de recommandations, ou d'étapes informatisées mises en place appauvrit le savoir tacite de l'entreprise, ce que nous pourrions appeler un "genre professionnel". C'est à dire, quelque chose de partagé par tous et qui n'appartient à personne. Ceci est assez paradoxal mais l'élaboration et la formalisation de pratiques conduit à un appauvrissement des savoir. Si la voie des inventions et trouvailles des travailleurs ne parle plus au quotidien c'est toute l'entreprise qui devient anémiée. Les savoirs se perdent.

- L'utilisation des collecticiels, des forums, des blogs internes aux entreprise définit une modalité principale de la communication, celle du textuel. Elle exclue alors toute une partie de la population qui ne maîtrise pas bien la langue. Par ailleurs, les compétences nécessaire à l'élaboration et à la mise en forme par le texte ne vas pas de soi. Elle demande une compétence bien spécifique.

- Le besoin de chiffres sur les pratiques des travailleurs perturbent fortement les usages sociaux et techniques de certaines professions. Nombres de professionnels ont besoin de confidentialité (pour réaliser certains accords commerciaux)... Par ailleurs, comme je le notais plus haut les chiffres produits n'ont qu'un faible rapport avec la réalité des pratiques de terrain et des mobilisations de savoirs tacites.

Pour sortir de ce paradoxe, il s'agit alors de questionner l'usage de ces technologies par la question de l'appropriation. Une question de l'appropriation qui mobilise le gestionnaire, "l'ergonome", l'informaticien mais aussi le psychologue du travail.

Le psychologue déploie son action dans le questionnement sur le genre professionnel. Il offre une alternative réparatrice et permet pour un temps à l'organisation de valoriser ses savoir faire. C'est cette production de sens sur les pratiques de l'organisation qui servira à mettre les TIC et les ERP au service des travailleurs, en somme, de l'entreprise.
Il s'agit d'intervenir au sein d'un collectif de travailleur et d'étudier avec eux la possibilité de renouer, ou de tisser des liens entre les savoir de métier et les machines informatiques en réseau.

Il offre l'opportunité au chefs d'entreprises et aux travailleurs de sortir d'une logique technologique qui impose comme solution aux problèmes des TIC un nouveau logiciel, un nouveau réseau... Parce que "le travailler" est une répétition sans répétition, il faut rechercher un équilibre précaire mais nécessaire entre les rationalités des nouvelles économies et les savoir "du patrimoine ouvrier" pour aller chercher de nouvelles richesses.

Pour vos lectures, l'incontournable Pavé, F. (1989). L'illusion informaticienne. Paris : L'Harmattan

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